un peu d'histoire :
La conquête progressive du droit de vote
En 1791, sous la monarchie constitutionnelle, le suffrage est censitaire et indirect.
Seuls les hommes de plus de 25 ans payant un impôt direct (appelé "cens")
égal à la valeur de trois journées de travail ont le droit de voter.
Ils élisent des électeurs du second degré, dont les revenus sont plus élevés,
qui élisent à leur tour les députés à l’Assemblée nationale législative.
En 1799, sous le Consulat, le droit de vote est accordé à tous les hommes de plus de 21 ans
ayant demeuré pendant un an sur le territoire.
Cependant, ce suffrage universel masculin reste limité par un mode de scrutin à trois degrés :
les électeurs ne désignent pas directement leurs représentants.
En 1815, sous la Restauration, le suffrage universel masculin est aboli et le suffrage censitaire est rétabli.
En juillet 1830, la Monarchie de Juillet élargit de nouveau le corps électoral en abaissant le cens
et l’âge minimum pour voter.
L’adoption du suffrage universel
Le 5 mars 1848, la République adopte le suffrage universel masculin qui ne sera plus remis en cause par la suite.
Tous les Français âgés de 21 ans et jouissant de leurs droits civils et politiques peuvent voter et le vote devient secret.
Il faut attendre l’ordonnance du 21 avril 1944 pour que le droit de suffrage devienne réellement universel
avec le droit de vote pour les femmes.
Les Françaises de plus de 21 ans ont voté pour la Première fois lors des élections municipales d’avril-mai 1945.
Le 17 août 1945, les militaires de carrière obtiennent le droit de voter, dont ils étaient exclus sous prétexte qu’ils ne devaient pas prendre parti dans les luttes politiques.
En 1946, ce droit est étendu à tous les Français d'outremer.
En 1974, le Président de la république Valéry Giscard-d’Estaing abaisse l’âge minimum pour voter à 18 ans (au lieu de 21 ans).
En 1992, le traité de Maastricht instaure la citoyenneté européenne : dans tous les pays de l'Union européenne,
les citoyens originaires de l'Union ont le droit de participer aux élections municipales.
La question de l’abstention
L’abstention consiste à ne pas participer, par choix, à une élection ou à un référendum.
Ce refus de se prononcer peut exprimer un désintérêt pour la vie publique ou un choix politique (en vue de montrer son désaccord).
Elle ne doit pas être confondue avec le vote blanc consistant à déposer dans l’urne un bulletin sans nom de candidat ni inscription.
Ce vote, qui exprime la volonté de se démarquer du choix proposé par l’élection, n’est pas comptabilisé lors du dépouillement.
Enfin, le vote nul consiste à déposer un bulletin déchiré ou annoté qui ne sera pas pris en compte lors du dépouillement.
En raison de l’importance de l’abstention, la question du vote obligatoire est régulièrement débattue en France.
Plusieurs pays ont déjà instauré cette obligation pour leurs citoyens : c’est notamment le cas de la Belgique depuis 1893, de l’Australie depuis 1924 (pour les élections nationales) et du Luxembourg.
NOUS LES FEMMES :
Le vote des Françaises résulte d'une ordonnance du 21 avril 1944 prise par le Gouvernement provisoire du général de Gaulle, à Alger :
«Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes». Il n'était que temps...
En effet, les Françaises sont parmi les dernières femmes du monde occidental à acquérir le droit de voter et celui de se faire élire.
Aux premiers temps de la démocratie française, au XIXe siècle, le droit de vote était réservé aux propriétaires de sexe masculin.
On considérait que les femmes, les domestiques et les pauvres, du fait de leur dépendance économique,
n'étaient pas en situation d'exercer un choix libre.
Les militaires étaient aussi exclus du droit de vote mais pour d'autres raisons
(on ne souhaitait pas qu'ils prennent parti dans les luttes politiques) et l'armée avait gagné le surnom de«Grande Muette».
C'est seulement le 17 août 1945 - soit quelques mois après les femmes - qu'ils ont obtenu le droit de vote...
Des «suffragettes» très combatives
On rencontre les premiers votes féminins de l'Histoire en Corse, au temps où l'île était sous souveraineté gênoise :
les femmes votent en effet au XVIe siècle dans les assemblées locales et leur droit est confirmé
par la Constitution de Pascal Paoli, en 1755,... puis aboli après l'annexion française.
Les premières femmes à obtenir pour de bon le droit de vote sont les habitantes du territoire américain du Wyoming, en 1869,
suivies par les Néo-Zélandaises en 1893, les Australiennes en 1902, les Finlandaises en 1906, enfin les Norvégiennes en 1913.
En Grande-Bretagne, les revendications féministes prennent un tour spectaculaire avec la création du mouvement
des «suffragettes» par Emeline Pankhurst (45 ans), en 1903.
Le 21 juin 1908, elles sont 250.000 à manifester à Hyde Park, à Londres.
Les manifestations se font violentes. C'est ainsi qu'une certaine Emily Wilding Davison
se jette sous les sabots du cheval du roi George V au derby d'Epson, en 1913, et meurt de ses blessures !
Il faudra attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que les «suffragettes» obtiennent enfin une demi-victoire,
le 28 décembre 1918, avec l'octroi du droit de vote aux femmes de plus de... 30 ans.
C'est le début d'un mouvement d'émancipation mondial enclenché par le rôle actif qu'ont joué les femmes dans la vie sociale
pendant la Grande Guerre.
Comme les hommes combattaient dans les tranchées, les femmes ont dû les remplacer aux champs, dans les usines et dans les bureaux.
Elles ont témoigné aussi de leur patriotisme comme infirmières et aides-soignantes dans les hôpitaux de campagne.
Tout cela mérite récompense...
Le 15 juillet 1919, le pape Benoît XV lui-même se prononce en faveur du droit de vote des femmes.
Aux États-Unis, la ratification du XIXe Amendement à la Constitution, le 26 août 1920,
étend le droit de vote à l'ensemble des femmes du pays.
Les Turques elles-mêmes obtiennent le droit de vote en 1934 à l'initiative du dictateur Moustafa Kémal
(ce qui ne prête guère à conséquence dans ce régime très autoritaire !)
Lente émancipation des Françaises
En France, après la Grande Guerre, la Chambre des députés vote à plusieurs reprises en faveur du vote féminin.
Mais ses propositions sont six fois repoussées par le Sénat.
Les motifs des opposants tiennent à des préjugés personnels et à la crainte
que les femmes ne renforcent le camp conservateur.
La gauche radicale et socialiste craint en particulier que les femmes ne renforcent le camp clérical
et ne se soumettent aux injonctions des curés !
Cependant, les Françaises n'attendent pas le droit de vote pour accéder à des fonctions gouvernementales.
Trois d'entre elles obtiennent un sous-secrétariat d'État dans le gouvernement constitué par Léon Blum, en 1936,
après la victoire du Front Populaire : Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie.
Il faut attendre les soubresauts de la Libération de 1945 pour qu'enfin les Françaises obtiennent le droit de vote.
Des femmes sont dès lors régulièrement présentes dans les gouvernements.
Mais la féminisation de la représentation parlementaire se fait attendre....
N'OUBLIEZ PAS D'ALLER VOTER !